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Veille mensuelle française et internationale de l’évaluation d’impact social n°18 – Actualités

Octobre 2022

 

Événements et actualités du secteur

En France

  • L’édition 2022 du Sommet de l’Inclusion Économique organisé par la Fondation Mozaïk aura lieu le 29 novembre prochain au Ministère de l’économie et des finances sur le thème « Agir avec impact ». L’une des conférences portera sur le sujet “Diversité et inclusion : mesurer pour progresser et durer”
  • Le mardi 22 novembre, Convergences organise de 15h à 19h, à la Maison de Crowdfunding un événement de lancement des groupes de travail, dont le groupe portant sur la mesure d’impact social.
  • La Société Française de l’Évaluation organise les Journées Françaises de l’Évaluation les 17 et 18 novembre à Lille. Les interventions porteront sur des thèmes très divers telles que la dimension territoriale de l’évaluation, les approches et cadres méthodologiques de l’évaluation, l’évaluation des pratiques associatives ou encore du bien-être territorial.
  • Le 27 octobre, La Fédération de badminton a lancé une fondation baptisée “1PACTE Gagnant” qui mettra en œuvre, accompagnera ou soutiendra des projets à impact vertueux principalement dans 4 domaines : l’éco-responsabilité, l’éducation, l’inclusion et la santé. La Fondation 1PACTE Gagnant a mandaté le Labo E&MISE de l’ESSEC pour développer une démarche d’évaluation d’impact social  sur les actions menées sur le terrain par 20 clubs affiliés à la FFBaD sur 2 ans et pour développer un référentiel d’impact pour tous les acteurs et partenaires de la FFBaD.
  • L’Impact Tank a organisé un webinaire sur l’accueil et les trajectoires des personnes exilées en France le jeudi 13 octobre. Étaient réunis des acteurs des mondes académique (dont le labo E&MISE ESSEC), associatif et de l’entreprise afin de comprendre les enjeux majeurs de la mesure d’impact des parcours d’accueil et d’intégration socio-professionnelle des personnes exilées en France. 

 

A l’international 

  • Dans un entretien croisé avec Jean-Philippe Courtois (Microsoft), Sir Ronald Cohen (Impact Weighted Accounts, Harvard Business School) expose sa vision du besoin de standardisation des indicateurs de mesure d’impact social et estime que la communication des données d’impact par les entreprises pourrait devenir obligatoire d’ici 3 à 5 ans. 
  • Social Impact (Etats-Unis) propose un webinaire d’introduction à un nouvel outil intitulé “Theory of Change workbook” le 16 novembre à 14h30. Ce guide traite de la manière de créer des théories du changement adaptées au contexte local. Plus d’informations et inscriptions ici
  • Social Impact lance également quatre nouvelles plateformes de suivi, d’évaluation et d’apprentissage (MEL) en Haïti, au Honduras, au Liberia et en Somalie. Ces programmes, d’une durée de quatre à six ans, s’inscrivent dans l’engagement de la structure d’aider les organisations et les programmes de développement mondial à améliorer plus efficacement la vie de leurs bénéficiaires et porteront sur une gamme de services incluant la gestion des connaissances, le déploiement d’évaluations d’impact rigoureuses et le développement des capacités et l’assistance technique.
  • SoPact (Etats-Unis) animera un webinaire également le 16 novembre, à 17h, autour de la capacité des entrepreneurs à gérer leurs données d’impact au lieu de les sous-traiter. En partant de trois constats fréquents liés à l’évaluation d’impact social : l’internationalisation de l’évaluation est coûteuse, les gestionnaires de programmes doivent savoir comment naviguer dans de multiples cadres et alignements, et le développement d’un système de mesure d’impact est complexe et coûteux, ce webinaire cherchera à apporter des solutions. Plus d’informations et inscriptions ici
  • Le J-Pal (MIT) dispense un cours en ligne sur les évaluations randomisées à partir du 15 novembre. Ce cours gratuit (avec en option un certificat à 99USD) d’une durée de 4 semaines à raison de 3 à 5 heures de travail par semaine enseigne pourquoi, quand et comment concevoir et mettre en œuvre une évaluation aléatoire.
  • Social Value UK propose sa formation “Value & SROI practitioner » en ligne, avec un format de cinq rencontres sur deux semaines. La prochaine session démarrera le 29 novembre prochain.

 

Rapports d’impact

En France

  • Kimso a accompagné l’association Lire et faire Lire dans son évaluation d’impact social. L’étude, lancée en 2020, a permis de recueillir, de façon qualitative et quantitative, la parole des enfants et des adultes qui les encadrent (enseignants, parents, bénévoles). Les résultats montrent que le plaisir éprouvé par les enfants lors des séances Lire et Faire lire développe leur envie de renouveler l’expérience et le début d’une certaine autonomie dans la lecture, même sur des enfants déclarant ne pas aimer la lecture avant l’intervention.
  • Kimso a également partagé les résultats de son étude d’impact sur la plateforme numérique EtreProf, développée avec l’appui d’EcolHuma (ex-Synlab) qui vise à accompagner le quotidien des professeurs.
  • A l’occasion des 20 ans du programme Emergence, Aréli a souhaité réaliser une étude d’impact du programme. L’objectif : mesurer la qualité du programme et préciser ses effets positifs concrets sur la trajectoire des lauréats. L’étude confiée à Koreis montre que les étudiants soutenus par ce programme rencontrent moins de difficultés financières que les autres étudiants boursiers alors même qu’ils étaient 70% à ne pas pouvoir financer leur projet d’études en terminale. Par ailleurs, 88% des lauréats indiquent qu’Emergence leur a permis de développer leur motivation, 83% d’avoir davantage confiance en eux, 81% d’être plus ambitieux, 77% de faire des choix d’orientation plus éclairés et 70% d’accéder à des opportunités professionnelles de carrière. Après le programme, 89% des lauréats sont titulaires d’un Master ou plus, 82% ont trouvé leur premier emploi moins de 6 mois après leur diplomation (contre 62% des diplômés français en 2019), 84% continuent à s’engager d’une manière ou d’une autre au cours de l’année.
  • Emmaüs Défi a publié les résultats de son étude de coûts évités pour son dispositif Banque Solidaire de l’Équipement (BSE) menée par les cabinets Koreis et HAATCH. Celle-ci s’attaque notamment à la “mauvaise appropriation d’un logement par un locataire” qui peut se traduire par des impayés locatifs, des troubles du voisinage, une  non prise du logement ou un départ précoce du locataire et un surendettement. L’étude met en évidence que ces difficultés engendre des coûts divers liés à l’accompagnement social curatif, au recouvrement et aux procédures de surendettement. La BSE, en sécurisant les parcours des bénéficiaires dans le logement, leur permet de payer leur loyer et d’investir pleinement leur logement en s’y sentant bien. Ainsi, l’étude montre que sur 1300 personnes accompagnées, 80 situations de rupture ont été évitées, permettant des coûts évités de l’ordre de 160000€ pour les bailleurs sociaux et la puissance publique. 1€ apporté par un bailleur à la BSE permettrait ainsi de lui éviter 1,34€ de coûts.
  • L’Avise partage les résultats d’une évaluation menée par Les Petites Rivières sur le projet Tressons, un programme déployé de 2018 à 2022 par l’Avise et le Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire (RTES) aux côtés de nombreux partenaires afin de renforcer l’Économie Sociale et Solidaire dans les territoires ruraux. L’étude montre que Tressons a permis de développer un champ d’étude sur l’ESS dans les territoires ruraux, de renforcer les capacités d’action des acteurs concernés (porteurs de projets ESS, acteurs publics, réseaux), de développer la  coopération entre acteurs, source de nouveaux projets ESS en milieu rural et de valoriser des initiatives de l’ESS en ruralité, source de légitimité et d’opportunités, notamment de partenariat. 
  • La Fondation Blaise Pascal, accompagné par Impact Track, rend compte des résultats de l’évaluation d’impact social du projet Journées Filles, Maths et Informatique, qui visent à  informer des collégiennes et lycéennes volontaire sur les métiers liés aux mathématiques et à l’informatique, en s’attaquant aux stéréotypes liés à ces disciplines et en leur par la rencontre avec des femmes qui exercent des métiers dans ces domaines. Avant la journée, 34 % des participantes n’envisageaient pas de poursuivre vers des études scientifiques. À l’issue de la journée, elles ne sont plus que 22 % 
  • Sport dans la Ville a confié au cabinet Koreis la réalisation de deux évaluations d’impact social. La première porte sur le programme “Job dans la ville” qui permet à des jeunes d’être accompagnés par un responsable insertion et un(e) parrain/marraine tout au long de l’année tant dans leur orientation professionnelle que dans leur accès à la formation ou à l’emploi. Ce programme met en évidence les résultats suivants : 78% des Jobbeurs déclarent avoir une meilleure image d’eux-mêmes et 84% disent mieux connaître et comprendre les différents métiers. Ils sont plus diplômés (+9 points) et ont un niveau d’activité nettement plus élevé (+25 points) que la moyenne des jeunes de quartiers populaires de la politique de la ville (QPV). La seconde étude concerne “Entrepreneurs dans la ville”, programme qui accompagne chaque année 180 jeunes de 20 à 35 ans, issus des QPV, dans un projet entrepreneurial. 

 

A l’international

 

  • Le programme Nurturing Parenting Program Nurturing Skills for Families, en Arizona, a fait l’objet d’une évaluation d’impact conduite par le cabinet Mathematica. Ce programme vise à renforcer les compétences parentales grâce à des cours, et ainsi à réduire la maltraitance des enfants. Une méthode quasi-expérimentale a été employée pour comparer la situation des enfants de familles ayant participé au programme à celle d’enfants de familles ayant bénéficié d’autres programmes d’éducation parentale. Des données ont été collectées à la fin du programme puis 6 et 12 mois après. Les résultats indiquent que les enfants dont les familles ont suivi ce dispositif sont moins susceptibles que le groupe de comparaison de faire l’objet d’une enquête ou d’être retirés à leur famille pendant l’année suivant le programme. 
  • Martina Björkman Nyqvist (Ecole d’économie de Stockholm) et Andrea Guariso (Université de Milan) partagent les résultats d’une étude sur un programme d’éducation ciblant des enfants en école primaire en Inde rurale, dont une partie se déroule à l’école et l’autre au sein de groupes d’étude extra scolaires gérés par les parents. Une méthode expérimentale transversale couvrant 200 villages permet de constater que le programme complet augmente de manière significative les résultats des enfants aux tests de mathématiques et de langue. Lorsque les deux composantes du programme sont mises en œuvre de manière isolée, il n’y a aucun impact sur l’apprentissage des enfants.
  • Le Journal of Global Health publie l’évaluation de la politique de gratuité des services de planning familial mise en place au Burkina Faso afin de faciliter l’accès des femmes à la contraception. Sur les 1471 femmes interrogées six mois après la suppression des frais d’utilisation des services de planification familiale, 56% étaient au courant de l’existence de la politique. La connaissance de la politique de suppression des frais était associée à une probabilité accrue de 46% d’utilisation de la contraception parmi ces femmes six mois après la mise en œuvre de la politique.
  • Impact Hub, réseau d’acteurs de l’innovation sociale, partage son rapport d’impact pour l’année 2021-2022. Parmi les résultats et impacts mis en avant, 68% des membres ont développé de nouvelles idées, 79% ont développé des collaborations avec d’autres membres, et 67% ont acquis de nouvelles compétences. 

 

Publications

En France 

  • Quadrant Conseil a publié une cartographie des usages de l’évaluation d’impact, fruit recherche en collaboration avec l’Agence Française de Développement et Strategic Design Scenarios. Si cette publication se situe dans le contexte des interventions de l’AFD, elle s’avère aussi intéressante pour l’évaluation d’impact social. Cette cartographie permet ainsi de distinguer 4 grandes catégories d’usage de l’évaluation, elles-mêmes subdivisées en sous-catégories 
    • Les usages stratégiques :
      • Alimenter la réflexion stratégique des décideurs,
      • Défendre des choix, notamment vis-à-vis de partenaires,
      • Appuyer les débats internes et externes sur les meilleures orientations possibles.
    • Les usages d’amélioration continue :
      • Tirer des leçons et identifier les meilleures pratiques,
      • Mieux instruire et concevoir les futures interventions.
    • Les usages au service du dialogue :
      • Renforcer les capacités des acteurs impliqués,
      • Dialoguer avec les partenaires.
    • Les usages au service du pilotage :
      • Suivre sur la durée les projets évalués, notamment en fournissant des données dans le temps,
      • Soutenir la décision,
      • Réfléchir avec l’équipe sur le sens et la qualité de l’action et susciter des retours d’expérience internes.

 

  • La Fonda présente une nouvelle méthodologie d’évaluation d’impact fondée sur l’analyse des chaînes de valeur construite à l’occasion de l’Université du faire ensemble. Il s’agit de développer une démarche qui s’intéresse autant au “quoi ?” qu’au “comment ?”. Cette méthodologie passe par la définition d’un cadre d’évaluation, des objectifs de transformation (le “quoi ?”, c’est-à-dire les changements attendus pour le public visé, le territoire, les porteurs de projet eux-mêmes, la formulation des questions évaluatives, l’identification des actions et ressources mobilisables (le “comment ?”) et la définition d’indicateurs de moyen, de réalisation, de résultats et d’impact.
  • Improve a publié un article de blog sur la rédaction du cahier des charges pour une démarche d’évaluation d’impact social afin d’aider les commanditaires à affiner leur demande et permettre aux cabinets qui y répondent de bien comprendre la nature du projet évaluée, les enjeux sous-jacents de la démarche évaluative, le cadre et les moyens alloués pour réaliser l’étude et in fine d’apporter une réponse la plus adaptée possible.
  • L’Impact Tank a partagé des extraits d’une interview menée auprès de Vincent Pons, chercheur en économie politique et professeur à Harvard Business School, qui a aussi cofondé l’entreprise eXplain, une entreprise qui traite des données au service des porteurs de projets à caractère social. Il y explique le fonctionnement des études randomisées et donne l’exemple de l’association VoisinMalin pour laquelle une telle démarche a été menée. Cette étude a ainsi mis en évidence des résultats positifs, tant sur le niveau d’information des personnes visitées mais aussi sur leur utilisation de services pour lesquels elles ont été informées par les membres de VoisinMalin.

 

A l’international 

 

  • Les chercheurs Jorge Cunha, Wellington Alves, et Madalena Araújo (Université de Minho et Institut polytechnique de Porto) publient un article portant sur les défis liés à l’évaluation d’impact social de l’innovation sociale (Challenges of impact measurement in social innovation: Barriers and interventions to overcome). Ce travail de recherche, basé sur une revue de littérature et une collecte de données auprès d’acteurs de l’innovation sociale met en avant les principaux obstacles à l’évaluation de l’impact de l’innovation sociale, à savoir le manque de sensibilisation des parties prenantes, les difficultés à sélectionner les indicateurs les plus adaptés, le manque d’engagement des bénéficiaires entre autres ; et propose des leviers pour agir sur ces difficultés, le premier étant de définir clairement l’innovation sociale.
  • La SSIR publie un article rédigé par Impact Genome (Etats-Unis) intitulé “The Promise of Impact Science” portant sur le défi identifié du passage de la théorie à la pratique en matière d’évaluation d’impact : comment pouvons-nous commencer à utiliser toutes les informations dont nous disposons pour améliorer les pratiques ? C’est l’objet d’un nouveau domaine que les auteurs baptisent la science de l’impact. Celle-ci se base sur la standardisation des données, l’harmonisation des méthodes ainsi que l’emploi de données pour prédire les résultats des organisations.
  • Archana Raghavan Sathyan et Anu Susan Sam (Université agricole du Kerala) ont rédigé un chapitre de l’ouvrage “Engendering Agricultural Development: Dimensions and Strategies” au sujet de la prise en compte du genre dans les démarches de suivi et évaluation de projets. Elles avancent que les outils d’évaluation devraient reconnaître les inégalités de genre en termes d’opportunité et de prise de décision par exemple.

 

Newsletters

 

Retrouvez tous les mois notre veille internationale sur l’évaluation d’impact social sur la page LinkedIn du Labo. Des questions ? Des propositions de contributions ou des solutions pour l’évaluation d’impact social ? Contactez-nous via louis.raynauddelage@essec.edu ou leclerc@essec.edu 

Note de Veille rédigée par Clara Cohade et Louis Raynaud de Lage, sous la direction d’Elise Leclerc.